O A la suite d’une série de mésaventures qui ne méritent pas d’être rappelées, monsieur Palomar avait décidé que sa principale activité serait de regarder les choses du dehors. ö Et voilà le personnage de Palomar créé : Palomar, ou les aventures et les mésaventures du regard. Car vous savez, vous, comment observer une vague, une seule, en la distinguant bien de toutes les autres ? Ou comment prêter au sein nu d’une dame sur la plage ce qu’il faut d’hommage sans ce qui messiérait d’insistance ? Et puis, que faire avec un reflet de soleil, si parfaitement perceptible et si fuyant dès qu’on l’approche ?
En vacances, en ville, enà silence, Palomar tente de maîtriser de l’œil un brin d’herbe ou un fromage, une étoile ou un jardin zen, deux tortues qui font l’amour, ses semblables et lui-même ; et les complications dans lesquelles il se retrouve le laisse parfois pantois.
Calvino est un merveilleux dessinateur d’eaux-fortes : jamais il ne l’a mieux montré qu’ici. Libre à chacun de reconnaître, sous les perplexités ratiocinantes du voyeur, beaucoup de philosophie ; et, sous l’humour, une pincée de désespoir.
ôEn la relisant, je m'aperçois que l'histoire de Palomar peut se résumer en deux phrases : Un homme se met en marche pour atteindre, pas à pas, la sagesse. Il n'est pas encore arrivé.ö I.C.